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Millésime 2013 Le Roi Chambertin par Vinifera-Mundi

Auteur: Jean François Guyard - Vinifera Mundi.ch  - 20 janvier 2015


Domaine Drouhin-Laroze      17+/20

Quel privilège d'avoir pu passer la soirée à la même table que les charmants Christine et Philippe Drouhin. Nous l'admettons, oublions ce passé pas toujours très glorieux, le père de Christine avait tout simplement une autre perception de la viticulture. Tout comme Caroline, la fille du sympathique couple, en a également encore une autre. Ce qui nous permet de croire au retour du domaine au premier rang. Celui-ci produit trois grands crus, quatre premiers crus et un Villages sur la commune. Trois vins furent présentés dont le Lavaut Saint-Jacques. Nous profitons de l'occasion pour rappeler que les deux écritures, Lavaux et Lavaut, sont autorisées.

Le 1er Cru Lavaut Saint-Jacques 2013 offre un nez certes sur la réduction mais tout à fait prometteur. Soigné, pro-fond, la complexité se développera avec le temps. D'ailleurs celle-ci est déjà perceptible en bouche. Suave, concentrée, prometteuse, gourmande, c'est ainsi qu'elle se présente dès aujourd'hui. On peut l'attendre.


Les premiers crus

Comme chaque année depuis le millésime 2010, les viticulteurs de Gevrey-Chambertin, la localité mondialement réputée compte un peu plus de 3000 habitants mais en tout et pour tout 80 domaines (d'ailleurs pas tous basés sur la commune), présentaient leur nouveau millésime le 13 novembre 2014 au très bel Espace Chambertin, une salle sous-terraine spacieuse et parfaitement climatisée

Après le grand succès de l'édition 2013, c'est vrai sans doute aidée par un millésime hors-norme, le 2012, le défi jeté cette année était en fait double. D'une part parvenir à attirer un public de journalistes aussi nombreux qu'un an plus tôt, d'autre part confirmer les espérances d'un millésime pourtant mal engagé tant la contradiction entre un printemps très pluvieux et tardif d'un côté, un été très/trop chaud de l'autre aurait pu faire redouter le pire. Nous renvoyons volontiers à notre article, en allemand, la langue de notre site, sur le sujet pour de plus amples renseignements sur le sujet.

Le millésime 2013

Que restera-t-il de 2013? Les années suivant de grands millésimes souffrent classiquement d'un certain déficit d'image. Les clients, qu'ils soient négociants ou même finals, tendent à se précipiter, sans véritable planification des investissements à moyen terme, sur le produit immédiatement disponible. Comme s'il était à craindre que l'envie personnelle ne puisse jamais être assouvie. 2009, 2010, pour ne citer que ces deux exemples récents nous ont pourtant montré que la précipitation et la convoitise demeurent de mauvaises conseillères. 2013 ne devra pas être victime de comportements irrationnels.


 2013 est-il pour autant meilleur que 2012?

La question ne se pose pas. En tout cas pas en ces termes qui mènent à l'exclusion. En bref, un spéculateur aura tout intérêt à se précipiter sur les 2012 disponibles et il serait vain de se préoccuper des tarifs. Comme nous l'avons déjà mentionné dans d'autres articles sur le millésime. Le spéculateur se jettera sur les vins produits en 2012 comme il se jeta jadis sur les Châteauneuf-du-Pape 2007. L'amateur, le vrai, saura, que les Villages et les 1ers Crus estampillés 2012 pourront être pleinement appréciés avant leur vingtième anniversaire.

Acheter de prétendus petits vins en très grands millésimes... Quoi qu'une bouteille 2012 de Corbeaux, de Fon-teny, ou de Petits Cazetiers ne développera jamais un sentiment de culpabilité ou de frustration chez ses déten-teurs. Certes, Gevrey-Chambertin, tout comme Nuits-Saint-Georges, est une commune privilégiée. Ses viti-cultrices et viticulteurs demeurent terriblement humains alors qu'ils produisent, année après année, de très beaux vins. Parfois même d'authentiques monuments. Indépendamment des conditions climatiques (sauf incident ma-jeur comme par exemple avec les coccinelles ou la verdeur en 2004 et en 2011 sur certaines cuvées) et même si,

 inévitablement, quelques cas malchanceux demeurent. Il est d'ailleurs intéressant de constater qu'un producteur au sujet duquel nous émettions de sérieux doutes quant à ses grands crus du millésime 2011 dans notre long article sur les Grands Crus 2012 de Gevrey n'a présenté cette fois que des 1ers Crus. En conclusion, 2012 reste-ra gravé dans l'histoire, la grande histoire.

 

Ignorer 2013?

Ignorer 2013 serait maladroit, voire même tragique. Il ne fait strictement aucun doute que 2013 a sa justifica-tion, toute sa place dans la cave de chaque véritable amateur de grands vins. Et s'il ne faut pas s'attendre à une baisse sensible des tarifs, les faibles rendements justifiant cela, la particularité du millésime est de proposer des

 vins qui laissent les terroirs admirablement s'exprimer. La notion de climat, au moment où l'acceptation du dossier de candidature à l'UNESCO semble tarder, revient au galop. 2013 possède bel et bien la trempe des grands orateurs, de ceux qui certes n'emportent pas les foules en raison de leur charisme exubérant (contraire-ment à 2009 par exemple), mais en raison de la qualité de leur raisonnement. 2013 s'avère en ce sens limpide, sophistiqué, raffiné et d'une grande rigueur intellectuelle. La Bourgogne peut s'enorgueillir de servir là un nou-veau grand millésime, à ne rater en aucun cas. Surtout, si justement, le client n'est pas un spéculateur.


La dégustation

La dégustation débuta officiellement à 15:00 pour prendre fin vers 19:00. Les vins n'ont naturellement pas été proposés à l'aveugle, ce que certains veulent déplorer. Pour notre part, nous considérons que cela permet au contraire d'une part de se concentrer sur les vins significatifs, d'autre part de pouvoir efficacement se prêter au jeu des différences. Si plusieurs domaines produisent par exemple un Cazetiers, le fait de connaitre d'avance les bouteilles concernées, permet de juger les différences entre viticulteurs. Nous regrettons tout au plus que le temps imparti à la dégustation de 120 vins soit toujours sportif.


Les vins

Nous avons classiquement commencé la dégustation par les Villages, pour la poursuivre avec les 1ers Crus et la terminer par la plus grande partie des Grands Crus. Nous maintenons cependant notre opinion que le temps im-parti à la totalité des vins ne suffisait pas. Faut-il dans de telles conditions ignorer une partie du travail des vi-gnerons ou bien admettre qu'il restera certaines inconnues? Les Villages, même s'il s'agit des vins qui intéres-sent le moins les lecteurs de nos articles, ont un caractère spécifique et délivrent chaque année un message fort, celui marqué par l'empreinte du millésime.

Sur le millésime 2012 nous nous sommes concentrés, à ce jour, sur les Grands Crus. Les premiers crus n'ont pu être dégustés dans leur intégralité... La dégustation de plus de 600 vins de ce millésime nous montre qu'il n'y a pas de doute à émettre quant à leur qualité. Tous les vins produits par des viticulteurs sérieux peuvent être ache-tés à l'aveugle.

Finalement, nous tenons à insister sur le fait que l'article présent est consacré aux premiers crus du millésime 2013, à l'exception des domaines, par exemple, Jérôme Galeyrand, qui ne produisent que des Villages. Le Syn-dicat des viticulteurs de Gevrey-Chambertin nous invite à rédiger un article en français, alors que l'intégralité de nos textes est publiée en allemand, langue de notre lectorat international. Nos notes relatives aux Villages et aux Grands Crus seront publiées dans un autre article et exclusivement en allemand.





Auteur : Jean François Guyard - Vinifera Mundi.ch  - 20 janvier 2015